Marcher, c'est comme tricoter: ce n'est pas tant les mailles ou les pas qui comptent, que ce à quoi l'on pense en les faisant.
Rien de tout cela ne se passerait dans un fauteuil; Pour une balade réussie, les feuilles craquent sous vos pieds, et l'air glacial vous éperonne.
Bien sûr, vous n'êtes pas seul, votre chien caracole devant vous.
Vous le surveillez d'un oeil distrait, pendant qu'il croque quelque châtaigne,
ou qu'il rêve de voler.
Il écoute tout ce que vous ne dites pas. Il sent ce que vous êtes.
Vous avancez dans des contrées hostiles,
terrifiantes,
ou jubilatoires.
Vos pensées affluent, sans cohérence ni logique,
et certains chemins sont plus faciles que d'autres.
Evidemment, vous avez peur.
Tout semble mort, mais tout bruisse.
Est-ce qu'il faudra s'enfuir ?
ou affronter sa peur ?
Est-ce que vous serez le plus fort ?
Mais tout se dissout dans l'eau, même la forêt,
et vous respirez de l'énergie.
Comme un phare, votre chien vous ramène sur le chemin du retour.
Et vous êtes léger, comme si vous aviez terrassé des dragons,
marché sur l'eau,
et tricoté une part importante de votre vie.
C.D.