C'est comme à l'école, quand on monte sur l'estrade pour être interrogée, quand on entre sur le ring, on régresse.
Le juge me palpe, me toise, et soudain, laisse tomber, d'un ton vaguement condescendant: "ce chien a été lavé?"...Evidemment ! je ne suis pas un chien d'eau d'opérette, et hier encore j'étais parfaitement crottée ! Et la boue, que je sache, n'a jamais fait friser personne...
Puis à son seul secrétaire, il lance ses commentaires dont la lecture réjouira plus tard les connaisseurs :"chienne longuette" (normal pour un rectangle !), ou "museau sobre", ce qui, franchement ne veut rien dire !

Dans un trop bref instant de lucidité, il explique à son aréopage que je suis l'exacte réplique du barbet d'antan, tel qu'on le voit sur les gravures du 19ème siècle. Merci Monsieur.

Mais la mémoire a ses caprices, et je serai quand même dernière (positivons, 3ème excellente !)
D'où l'intérêt du régime crétois !:

Le lendemain, nous nous réjouissons tous de nous retrouver entre barbetiers autour d'un buffet européen.

Ce jour-là, le juge est une femme, et même si je suis encore excellente, je ne rentre pas dans le moule du barbet- nouveau.
Du danger de jouer dans la cour...des grandes.

Ma gloire de ce jour est ailleurs, dans les félicitations que quelques uns auront la gentillesse de m'adresser.

Voilà, tout le monde a mal aux pattes, mais à la fin de ce grand jugement, personne n'a été brûlé, à part quelques illusions !
Je trottine gaiement vers la voiture, et tandis que mes poils ondulent à chaque pas, sous le regard de ma maîtresse, je grandis.

Arkann.